Extrait :
« Je ne suis pas le premier astronome, ni le premier croyant, à contempler dans le ciel une étonnante panoplie d’étoiles et à penser que la créativité féconde de Dieu ne saurait se limiter à nous.
J’ai l’intuition que tôt ou tard la race humaine découvrira qu’il y a d’autres créatures intelligentes quelque part dans l’univers… »
Guy Consolmagno est originaire des Etats-Unis. Astronome, docteur en planétologie, ce frère jésuite a aussi étudié la philosophie et la théologie. Il a été nommé par le pape François directeur de l’observatoire astronomique du Vatican.
29 août 2013, La Croix
« L’homme peut aussi rêver du ciel tout en restant sur sa planète et observer les astres à travers son télescope. C’est le cas de Guy Consolmagno, frère jésuite, astronome à l’Observatoire du Vatican qui s’interroge : existe-t-il une vie intelligente ailleurs dans l’univers ? « Nous ne savons pas », répond le scientifique tout en ayant l’intuition que dans les milliards de galaxies du cosmos, « il doit bien exister d’autres êtres rationnels et civilisés » et que « tôt ou tard, la race humaine découvrira qu’il y a d’autres créatures intelligentes quelque part dans l’univers ». Une intuition nourrie scientifiquement mais aussi théologiquement : « La créativité féconde de Dieu ne saurait se limiter à nous. » La réponse viendra de la science, et non de la théologie ou de la Bible, affirme le jésuite. Et c’est scientifiquement qu’il explore l’hypothèse d’une vie extraterrestre, exposant dans un langage simple les conditions qui devraient être réunies pour cela. Dans le même temps, et avec un grand sens pédagogique, il dégage les enjeux de la question. Ils sont aussi bien épistémologiques (« il serait difficile de parler de “la vie telle que nous ne la connaissons pas” puisque, par définition, nous n’aurions pas les mots pour la décrire » et c’est pourquoi « il est important d’admettre qu’en dernière analyse, tout langage et toute explication, biblique ou scientifique, sont de nature analogique »), anthropologiques (« penser aux extraterrestres est un bon moyen de comprendre, et d’apprécier, ce qu’être un homme signifie ») que théologiques (« réfléchir sur la manière dont le salut dans le Christ pourrait s’appliquer à d’autres êtres est un chemin de croix pour apprécier à nouveaux frais ce que le salut signifie pour nous les humains »). L’astronome en est convaincu : la science, tôt ou tard, donnera une réponse à la question de l’existence d’une vie extraterrestre. « Dans la foi, écrit-il, il ne devrait pas y avoir d’inquiétudes à savoir que nous ne sommes pas seuls au monde. » Scruter le ciel, écouter les bruits qui viennent du cosmos à la recherche d’une autre vie, c’est finalement manifester que rien, a priori, ne permet de limiter les capacités créatrices de Dieu. » DOMINIQUE GREINER